mardi 15 mars 2011

Types de traitements Hormonothérapie

Hormonothérapie

L'action des hormones

On sait, depuis de nombreuses années, que des hormones (messagers chimiques produits par certaines glandes) peuvent favoriser le développement de différents cancers.
Ainsi, l'association entre les œstrogènes (hormone féminine) et certains cancers du sein d'une part, ou entre les androgènes (hormone masculine) et certains cancers de la prostate d'autre part, est bien connue.
L'étude des mécanismes de production de ces hormones et la découverte de leur mode d'action sur certaines cellules cancéreuses ont permis le développement d'un type particulier de traitement appelé hormonothérapie.


Comment ça fonctionne ? 

Mécanismes d'action

Différentes hormones peuvent stimuler la division cellulaire et, à ce titre, favoriser le développement d'un cancer.
Pour exercer leur action, les hormones se fixent sur les cellules "cibles" au niveau de récepteurs spécialisés. Ces récepteurs sont alors activés. Il en résulte une série de réactions à l'intérieur même de la cellule, comme par exemple le déclenchement d'une division cellulaire.
On peut comparer l'hormone à une clef qui permet d'ouvrir une serrure (le récepteur hormonal). Cette illustration permet de comprendre les stratégies qui ont été développées au niveau des traitements :
  • soit on bloque la production d'hormones (on supprime la clef),
  • soit on empêche l'hormone d'agir au niveau de son récepteur (on bouche la serrure),
  • soit on fait les deux à la fois.

Cancers hormonosensibles
Toutes les cellules cancéreuses ne sont pas nécessairement porteuses de récepteurs hormonaux. Lorsqu'ils sont présents, on parlera de cancer hormonosensible.
Une analyse en laboratoire est nécessaire pour le savoir (au départ d'un morceau de tumeur prélevé lors de l'opération). Si cette analyse montre que l'on a affaire à un cancer hormonosensible, une hormonothérapie pourra être proposée, parfois seule, ou en complément à d'autres traitements.
Contrairement à la chimiothérapie ou à la radiothérapie, qui cherchent à tuer rapidement les cellules cancéreuses, l'hormonothérapie a pour but de bloquer ou de ralentir fortement leur développement et d'entraîner leur mort à plus long terme en créant un milieu hormonal qui leur est défavorable.
L'hormonothérapie a pris une importance particulière dans le traitement des cancers du sein et de la prostate lorsqu'ils sont hormonosensibles. Elle est parfois utilisée face à d'autres tumeurs malignes (utérus, thyroïde, ovaire, rein).



En cas de cancer du sein 

Après la ménopause 

L'utilité de l'hormonothérapie sur les cancers du sein hormonosensibles après la ménopause est largement démontrée.

Deux traitements différents sont disponibles :
  • Soit on bloque  les récepteurs cellulaires aux œstrogènes à l'aide d'un médicament (Tamoxifène).
  • Soit on empêche la synthèse d'oestrogènes par les tissus (graisse, foie, muscle, sein) qui produisent encore cette hormone en faible quantité après la ménopause. On utilise pour cela un autre type de médicament (inhibiteurs de l'aromatase).
Différentes études ont montré qu'une hormonothérapie après l'opération (soit tumorectomie si on n'enlève que la tumeur et les tissus avoisinants, soit mastectomie si on enlève tout le sein) diminue nettement la mortalité par cancer du sein, réduit de façon importante le taux de récidive et s'accompagne d'une diminution marquée du nombre de cancers pouvant apparaître dans l'autre sein.
Ces effets favorables sont d'autant plus marqués que la tumeur initiale est riche en récepteurs aux œstrogènes et qu'il existait, au moment du diagnostic, un envahissement tumoral dans les ganglions axillaires (sous le bras).
Le traitement par Tamoxifene s'accompagne d'autres effets bénéfiques, tels une réduction de la mortalité par maladies cardio-vasculaires, ou une protection contre l'ostéoporose (fragilisation progressive des os). Des effets secondaires sont possibles (bouffées de chaleur, éruptions cutanées, pertes sanguines discrètes par voie vaginale, démangeaisons au niveau de la vulve), plus ou moins intenses ou désagréables d'un cas à l'autre.

Exceptionnellement, le Tamoxifène peut favoriser le développement d'un cancer de l'endomètre (corps de l'utérus). C'est pourquoi, tout saignement vaginal doit être renseigné au médecin et un contrôle gynécologique annuel est nécessaire.

Les inhibiteurs de l'aromatase s'accompagnent parfois de douleurs articulaires et d'un risque d'ostéoporose.
Ceci étant, les avantages de l'hormonothérapie dépassent de très loin ses inconvénients.

En cas de cancer du sein hormonosensible avant la ménopause,  on cherchera  à supprimer la production d'œstrogènes  en enlevant les ovaires par chirurgie (ovariectomie) et prise de médicaments, soit  par voie médicamenteuse seule.


En cas de cancer de la prostate 

Traitements, effets secondaires et perspectives

L'hormonothérapie occupe une place importante dans le traitement de ces cancers, soit seule dans les formes avancées, soit occasionnellement en complément d'une chirurgie ou d'une radiothérapie.
Face à une petite tumeur bien localisée, on aura plutôt recours à la chirurgie seule, à la radiothérapie seule, ou à une simple surveillance sans traitement pour les tumeurs peu agressives chez les patients  âgés.
A l'origine, cette hormonothérapie consistait en une castration chirurgicale (ablation des testicules) pénible sur le plan psychologique, ou en l'administration d'hormones féminines (œstrogènes) responsables d'effets secondaires importants (féminisation, problèmes vasculaires).
Des traitements tout aussi efficaces et mieux tolérés sont actuellement disponibles.
La castration chimique :
On peut obtenir un effet identique à l'ablation des testicules non plus par chirurgie, mais par l'administration de substances chimiques qui interfèrent avec la production des hormones masculines (d'où l'appellation castration chimique).
Différents médicaments sont disponibles pour ce faire.
Ils bloquent la sécrétion de LHRH, une hormone produite par l'hypophyse. Cette hormone a pour fonction de stimuler la production d'androgènes (hormones masculines) par les testicules. L'absence de LHRH se traduit par une disparition des androgènes testiculaires. Il en résulte un arrêt de la stimulation hormonale des cellules prostatiques.
L'administration du traitement se fait par injection intramusculaire ou sous-cutanée, soit tous les 28 jours, soit une fois par trimestre.
Les anti-androgènes :
Il s'agit d'une autre catégorie de médicaments qui empêchent la fixation des androgènes sur leurs récepteurs au niveau des cellules de la prostate. Les hormones masculines sont alors incapables d'y exercer leur action.
Ces médicaments se prennent par la bouche en une ou plusieurs doses quotidiennes.
Les anti-androgènes sont utilisés en complément de la castration chimique (cf. ci-dessus). En effet, au début du traitement anti LHRH, on peut observer une brève augmentation des taux d'hormones masculines, avant l'arrêt de leur production testiculaire. Les anti-androgènes, pris pendant cette brève période, permettent d'éviter que cette "bouffée" d'hormones ne stimule la tumeur.
Par ailleurs, une faible partie des androgènes circulant dans le sang (+/- 10%) est originaire non des testicules mais des surrénales (glandes situées au-dessus des reins). Elle n'est donc pas supprimée par la castration chimique. D'où l'intérêt possible de combiner les deux traitements de façon permanente, pour bloquer l'action des androgènes résiduels. Les avantages à long terme de cette approche thérapeutique sont toujours en cours d'évaluation.
Effets secondaires :
La castration chimique s'accompagne principalement de bouffées de chaleur et d'une diminution de la puissance sexuelle ou d'une impuissance. Certains patients rapportent des plaintes diverses (nausées, éruptions cutanées, faiblesse des membres inférieurs, maux de tête?). Dans de rares cas, on constate une sensibilité anormale ou un léger gonflement des seins dû au développement des glandes mammaires (normalement présentes chez l'homme à l'état d'ébauches sous les mamelons). Des troubles passagers de la pression artérielle (hypotension ou hypertension) sont parfois rencontrés.
Les anti-androgènes ne s'accompagnent pas d'une impuissance, mais certains d'entre eux sont responsables d'une infertilité (peu ou pas de spermatozoïdes dans le sperme), réversible après l'arrêt du traitement. Ils entraînent parfois un gonflement des seins (gynécomastie) pouvant s'accompagner d'une hypersensibilité.
Des perturbations du foie ou des troubles de l'humeur ont également été décrits.
Nouvelles perspectives :
De nouveaux modes d'administration de l'hormonothérapie sont en cours d'évaluation, dans l'espoir d'augmenter la durée d'efficacité du traitement et de mieux respecter la qualité de vie des patients. C'est ainsi que la possibilité d'une hormonothérapie intermittente (castration chimique avec ou sans anti-androgènes) est actuellement à l'étude. Si son intérêt se confirme, elle permettrait une amélioration de la qualité de vie pendant les intervalles sans traitement.



cancer.be

1 comments:

Alors que la castration chimique provoque une diminution de la libido et de l'impuissance, les antiandrogènes ne causent généralement pas l'impuissance, mais ils peuvent contribuer à l'infertilité. Lorsqu'il est nécessaire d'éliminer la prostate (partiellement ou complètement), l'impuissance se produira probablement. En revanche, l'hormonothérapie est également utilisée pour le traitement de la dysfonction érectile lorsque la dysfonction érectile résulte d'une diminution du taux de testostérone.

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