mardi 15 mars 2011

Types de traitements Traitements alternatifs

Traitements alternatifs

Espoir ou illusion ?

 

Dernière mise à jour : novembre 2000
Lorsqu'un cancer se déclare, lorsqu'une tumeur récidive, certains malades ou leurs proches recherchent parfois des solutions tous azimuts, quitte à s'aventurer en dehors des sentiers battus de la médecine scientifique. Quelles sont leurs motivations ?

Pour certains, il s'agit de maintenir un espoir à tout prix. Pour d'autres, de trouver des traitements plus faciles à supporter. D'autres encore sont séduits par une écoute ou des explications, apparemment simples et convaincantes, sur l'origine de la maladie et les moyens d'en venir à bout.
Ces réactions sont parfaitement compréhensibles. Mais sont-elles toujours appropriées?
Médecine "classique" et thérapies "douces" sont-elles compatibles?
Existe-t-il des voies "parallèles" ou "alternatives" aux traitements traditionnels du cancer? Essayons d'examiner ces questions sans sectarisme ni crédulité.
Une chose est certaine : le cancer n'est ni une maladie simple, ni une maladie "douce"! Raison de plus pour ne pas se tromper dans ses choix?
Qu'est-ce qui différencie médecine classique et "alternative"? La réponse est évidente : la première a fait, grâce aux recherches cliniques, la preuve scientifique de son efficacité et de ses limites, la seconde pas.
Est-ce à dire qu'une méthode "alternative" est dépourvue de toute utilité? En l'absence d'évaluation scientifique, il est impossible de répondre simplement par oui ou par non. Et c'est là toute la difficulté, car la recherche clinique, qui teste les nouveaux traitements, est une démarche longue, exigeante et complexe. Elle nécessite le suivi à long terme d'un nombre important de malades. En effet, il est le plus souvent impossible de tirer des conclusions générales au départ d'un ou de quelques cas isolés. Les Anglo-saxons ont d'ailleurs remplacé le terme "alternatif" par la formule «unproven method» qui signifie «méthode non prouvée». L'appellation "alternative" fait croire, à tort, qu'il existerait un autre chemin plus rapide, plus efficace ou plus agréable, pour arriver à une guérison. Les méthodes non prouvées ne sont pas des itinéraires "alternatifs" qui permettraient d'éviter les inconvénients des traitements.
Comment distinguer ce qui est sérieux de ce qui ne l'est pas? C'est souvent une question de bon sens.
La médecine scientifique sait qu'elle n'est pas toute puissante. Elle ne prétend ni tout expliquer, ni pouvoir tout promettre. Un médecin sérieux doit savoir être modeste?
Méfiez-vous, par contre, des discours hyper simplificateurs du style "toutes les maladies ont la même origine". Les cancers (pour rappel, une centaine de maladies différentes !) sont des pathologies extrêmement complexes, à la fois en ce qui concerne leurs origines, leurs manifestations et leurs traitements. Vouloir les mettre toutes dans le même « sac » n'a aucun sens.
Prudence aussi face aux promesses folles de ceux qui prétendraient vous guérir avec une absolue certitude, envers et contre tout, sans autre inconvénient que le coût du traitement "miracle".
Un brin de réflexion suffit généralement à faire la part des choses.
Malheureusement, la peur de la maladie fait parfois perdre le plus élémentaire bon sens, au moment où l'on en aurait tout particulièrement besoin. D'où l'importance de ne pas attendre d'être malade pour développer, avec son médecin traitant, une solide relation de confiance. Il faut pouvoir lui poser n'importe quelle question et exprimer librement ses craintes, en étant certain de la qualité de son écoute. Ainsi, il sera là pour vous guider si nécessaire.
La même confiance doit également s'établir avec le cancérologue.
On choisit un médecin d'abord et avant tout pour ses compétences professionnelles, mais aussi pour ses qualités humaines.
Comment faire les bons choix? Disons-le tout net : face à un cancer, il n'y a pas d'alternative aux traitements dont l'efficacité est démontrée (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, parfois hormonothérapie ou immunothérapie). Par ailleurs, il n'y a pas un traitement mais des traitements, tout comme il n'y a pas un cancer mais une centaine de catégories différentes de tumeurs. De même, il n'existe pas de patient "type", tant il est vrai que chaque individu réagit d'une manière qui lui est propre. L'art des médecins, appelés en équipe pluridisciplinaire à traiter un cancer, est donc de déterminer, cas par cas, le ou les traitements qui offrent les meilleures chances d'efficacité, tenant compte des dernières connaissances scientifiques en la matière et des essais cliniques en cours.
Les médecins doivent aussi éviter tout traitement inutile, ou ceux dont le bénéfice est minime en comparaison des risques et inconvénients qu'ils entraînent.
Ceci laisse-t-il une place à d'autres approches ?
Doit-on conseiller le recours à des méthodes non prouvées? La réponse est non, du fait de l'absence de preuves scientifiques quant à leur utilité et en raison de l'impossibilité d'évaluer leur impact (positif ou négatif) en dehors d'études cliniques rigoureuses.
Ceci étant, faut-il exclure complètement ces méthodes non prouvées?
A nouveau, la réponse est non, pour autant qu'un certain nombre de conditions soient remplies?
Pas n'importe quoi et pas n'importe comment Pour éviter tout risque inutile, nous vous conseillons de respecter les 5 conditions suivantes :
  • Première condition : que la demande émane du malade lui-même. Il peut être très important, sur le plan psychologique, d'avoir la conviction que l'on a mis toutes les chances de son côté même si, pour cela, on s'écarte quelque peu des sentiers balisés.
    Par contre, famille, amis et connaissances, même animés des meilleures intentions, devraient s'abstenir d'influencer le patient en faveur de telle ou telle autre méthode. Sinon, confronté à des messages contradictoires ou confus, le malade risque de ne vraiment plus savoir à qui se fier.

  • Seconde condition : une méthode non prouvée s'applique en plus du traitement classique et jamais à la place de ce dernier. En effet, les approches alternatives ne peuvent jamais prétendre guérir à elles seules un cancer. Elles ne prennent donc, en aucun cas, la place du traitement classique prescrit par le cancérologue mais peuvent éventuellement être adoptées par le malade comme traitement d'appoint.

  • Troisième condition : s'assurer que la méthode non prouvée est dépourvue de risques pour la santé. Et ce n'est pas toujours simple, faute d'obtenir des précisions valables sur ce qui est proposé. Attention par exemple aux vertus exagérées dont certains parent la nature et les plantes. Souvenez-vous des dégâts des herbes chinoises. La médecine "alternative" n'a parfois de "douce" que le nom?

  • Quatrième condition : se méfier des arnaques. Comme dans toutes les activités humaines, les meilleures intentions peuvent côtoyer les pires. D'aucuns n'hésiteront pas à vous vendre très cher de la poudre de perlimpinpin!

  • Cinquième condition : en parler à votre cancérologue et à votre médecin de famille. Non seulement ils peuvent vous aider à éviter les pièges décrits ci-dessus mais, pour vous soigner au mieux, il est important qu'ils connaissent l'ensemble des traitements que vous suivez.
Etre réaliste dans ses attentes Les cinq conditions sont remplies? Alors, pourquoi pas?
Reste à éviter le piège des espoirs exagérés, si on veut se prémunir de cruelles désillusions. N'oubliez pas que les méthodes "alternatives" sont, d'abord et avant tout, des méthodes qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité face au cancer. Les plus optimistes diront : pas encore? Mais il faut aussi se méfier des excès d'optimisme.

Bibliographie

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